Vendredi 1er Juin 2018. Dehors, la chaleur est presque étouffante mais je profite malgré tout de ce grand soleil pour rentrer du travail en Bixi, le vélo en libre service de la ville. A la maison, Jc m’attend tranquillement mais il n’est pas le seul. Sur le balcon, allongé noncha(t)lamment sur une chaise, le chat du voisin fait mine de dormir en priant secrètement pour qu’on vienne lui faire quelques papouilles. Nous le rejoignons alors sous le porche et cédons à sa requête à peine dissimulée. C’est le moment de profiter de ce petit air frais qui arrive enfin et d’apprécier la venue du week-end…Mais au fait, qu’est-ce qu’on fait ce soir?
Nous avons entendu parler d’un événement organisé tous les premiers vendredis du mois, de Mai à Octobre, appelé tout simplement « Les Premiers Vendredis » . A cette occasion, les meilleurs food-trucks (ou camions-restaurants) de la ville font escale toute une soirée au pied du Stade Olympique de Montréal, dans une ambiance festive et familiale. Or, aujourd’hui, c’est le premier vendredi du mois de Juin! C’est décidé, ce soir, c’est là qu’on ira!
En sortant du métro Pie IX, nous constatons qu’il y a déjà énormément de monde sur place. Mais c’est surtout la multitude des camions qui nous surprend le plus. Vous êtes sûrs que tous ces camions vendent de quoi manger? On n’est pas juste à la foire du camping-car?
Sans conteste, un repérage stratégique des lieux s’impose, avant de pouvoir choisir notre repas ! Mais comment reconnaître les meilleures enseignes ? On vous donne ici quelques pistes…
Premier indicateur qualité (et il suffit d’ouvrir l’œil) : la file d’attente. En effet, la popularité des différents food-trucks semble directement proportionnelle à la longueur de la line établie devant leur comptoir. Partant de ce constat, le Fish and chips de chez Charlie’s Shack doit être à tomber! Au-delà de sa longueur, la forme de la file d’attente devant le food-truck doit aussi vous alerter car lorsque celle-ci commence à s’enrouler sur elle-même, c’est que ça doit valoir le coup de patienter!
Deuxième indicateur (et il suffit d’avoir du nez) : les odeurs de cuisine qui s’échappent des cheminées des camions. C’est vrai, ça ne marche pas dans 100% des cas, mais en général, quand ça sent bon, c’est que c’est bon! Et justement, à cet instant précis, les récepteurs sensoriels de nos narines sont en alerte maximale! Les parfums sucrés des beignes (petits beignets traditionnels du Canada à base de pomme de terre) vendues par La Cabane à Crêpes se mêlent aux puissants fumets de viande grillée du Smoking BBQ et de chez Ça Roule Ma Poule. Un peu plus loin, des arômes épicés qui flottent dans les airs nous conduisent droit vers les plats indiens du Damon Food Truck, tandis qu’à La Boite à Fromages, une odeur bien connue de raclette nous rappelle, l’espace d’un instant, au souvenir de notre pays.
Troisième et dernier critère de sélection (et là, ça marche surtout à l’instinct): l’originalité du menu! Vous remarquerez que les food-trucks à succès sont ceux qui proposent des recettes revisitées ou carrément à contre-sens de la norme. Par exemple, au Gras Dur, on attendra son tour pour se boucher les artères avec un cheeseburger intégralement entouré de bacon ou avec des Oréos frits dans le bacon. Les palais plus délicats, quant à eux, prieront pour arriver à temps au comptoir du Bleu Homard ou de la Gaspésie pour déguster une guédille au homard (ou Lobster rolls, sorte de hot-dog haut de gamme, à base de chair de crabe ou de homard), un crabecake ou un cornet de crevettes. Et enfin, à la Shop à Poutine, les plus curieux pourront tenter la version Tao, Cochonne ou Baveuse de leur plat favori!
Par contre, un petit conseil! Avant de vous engager dans une file d’attente, vérifiez bien que vous avez du liquide sur vous, car tous les food-trucks ne prennent pas la carte! Ce serait vraiment dommage d’attendre trois quarts d’heure pour de délicieux tacos que vous ne serez finalement pas en mesure de payer ! Heureusement, tout est prévu et des distributeurs automatiques ont été installés sur les lieux pour retirer de l’argent à tout moment! Enfin, à tout moment…Oui et non, car il faudra d’abord faire la queue avant de pouvoir espérer atteindre une machine!
En tout cas, les gens semblent heureux d’être là, et ce, malgré la foule et malgré les files d’attente interminables 1) pour retirer de l’argent 2) pour acheter à manger 3) pour acheter à boire 4) pour faire pipi…Ah non, tiens, il n’y a pas la queue pour aller aux toilettes! Ça donnerait presque envie de se forcer à aller faire pipi, rien que pour le plaisir de ne pas avoir à attendre son tour! Bref, la bonne humeur générale prime largement sur tous ces petits désagréments liés à l’attente…
Ah ce stade de l’article, vous êtes certainement en train de vous demander ce que nous avons bien pu manger ! Votre interrogation est tout à fait légitime. Et la réponse est RIEN DU TOUT car nous avons été trop vite découragés par la file d’attente en colimaçon du Bleu Homard sur lequel nous avions porté notre dévolu (au moins une heure d’attente et une centaine de personnes devant nous!). J’avais trop peur d’entendre, une fois notre tour arrivé, « Désolé, mais je viens juste de servir mes dernières guédilles au homard aux gens devant vous »!
Mais ce n’est pas grave! Nous avons passé un très bon moment que l’on pourrait résumer par un « Veni vidi vici« . Un petit détour par le métro et nous sommes finalement retrouvés au Village, le quartier gai de Montréal, pour manger des empañadas (petits chaussons incas garnis de maïs, tomates, épinards etc.). Quant aux Premiers Vendredis, on y reviendra le mois prochain, en veillant à arriver plus tôt, quitte à planter la tente sur place!
Ca laisse rêveur
Ca donne envie d’y faire un saut…Merci pour ce partage!